USR – CGT 66

UNION SYNDICALE DES RETRAITÉS CGT 66

Le réseau des usines à opinions

« demain tous crétins » est le titre d’un film (peut-être) alarmiste sur les perturbateurs endocriniens. Faut il craindre aussi les coups de boutoir de la pensée unique ?

L’excellent travail de ACRIMED  (action critique media) et du MONDE DIPLOMATIQUE permet de planter le décor en un coup d’oeil :

« medias français, qui possède quoi » (ne pas oublier de cliquer pour rendre l’image lisible)

Ce schéma simplifié est évidemment évolutif : PRISMA PRESSE, par exemple, était la filiale française du groupe allemand Gruner + Jahr, détenu lui-même par Bertelsmann jusqu’en avril 2021 mais est devenue une filiale du groupe français Vivendi (Bolloré)

Novembre 2021 – Vincent Bolloré lorgne « Le Figaro » Après avoir conquis Canal+, CNews, Europe 1, « Paris Match » ou encore « Le Journal du dimanche », Vincent Bolloré aurait engagé des négociations pour prendre le contrôle du « Figaro ». Au risque de relancer les polémiques sur la concentration des médias au profit des puissances d’argent.

A.Leucha exprime son point de vue dans le blog de Mediapart . Notre périodique Nouvelle Vie Ouvrière s’interrogeait déjà en 2007 :  l’information en danger 

Hors de question, toutefois, de faire le lien avec les hallucinations complotistes alléguant la constitution de groupuscules ultra-puissants en mal de domination mondiale sur la conscience des peuples car, curieusement, elles s’attachent à dérouler l’écheveau des « conspirations » en dehors de toute analyse systémique : la description des phénomènes  repose rarement sur des enquêtes crédibles et se veut « apolitique » et « antisystème », n’évoquant qu’évasivement les rouages économiques et  leur agencement ultra-libéral.  Elles font en cela bon ménage avec la « pensée » d’extrême droite

Des événements qui secouent  le monde des médias

Les inquiétudes de l’association ACRIMED sur la monopolisation médiatique

L’épisode Europe1

Un empire : 3 ans dans le rétroviseur

« Valeurs actuelles » revendique son instrumentalisation


La « pensée » niveau caniveau, petit florilège

La « sécu » et certaines administrations paient des gens à ne rien faire ; c’est parmi ceux-là que les syndicats recrutent l’essentiel de leurs effectifs

Refrain bien connu. Entendu sur les ondes il y a déjà bien longtemps, propos d’un responsable de l’ex-FN (en substance) : vous divisez le nombre de feuilles de soins traitées chaque jour dans  les caisses d’assurance-maladie par le nombre de  » fonctionnaires  » et vous obtenez un chiffre inférieur à 20 !

Certains fonctionnaires, et en particulier les  « assimilés fonctionnaires » syndicalistes, sont des travailleurs entre guillemets.

La haine ou tout au moins la dérision à l’égard du « fonctionnaire » est un exercice  parmi tant d’autres auquel savent s’adonner bien des  figures médiatiques toujours prêtes à nous faire profiter de leur ignorance ; ceux qui nous parlent de ces  « fonctionnaires » n’ont bien souvent même pas pris le temps d’apprendre ce que recouvre ce terme ni de s’intéresser à l’histoire de l’administration à la française ; ils ne sont pas toujours au courant :  les employés de sécu, les gaziers et électriciens, les cheminots, les postiers, les agents de la RATP, de Pôle Emploi, de l’action sociale et de structures associatives ou mutualistes ne sont pas (ou sont de moins en moins pour cause de destruction des services publics) des « fonctionnaires ».

« Certains syndicats » sont politisés ! (Il faut croire, en revanche, que leur tirer dessus à boulets rouges, ce n’est pas de la  politique !) ou, à l’opposé sur l’échiquier des opinions, on accuse les syndicats y compris la CGT de « collaborer », de « faire partie du système ». C’est probablement aller bien vite en besogne que de faire l’  amalgame simpliste entre les difficultés qu’éprouve un syndicat à faire pencher la balance en sa faveur pour cause de rétrécissement de sa base  et une prétendue complicité.

Cette défiance à l’égard des partis et des syndicats concerne à la fois  une   majorité silencieuse qui s’était en partie retrouvée dans le mouvement des Gilets Jaunes et une frange activiste comme le « black bloc » au sein de laquelle il faut probablement faire le tri entre voyous apolitiques infiltrés, provocateurs fascistes, anarchistes convaincus et pacifiques, électrons libres divers, et, simple hypothèse à envisager avec beaucoup de précaution mais à ne pas exclure totalement compte tenu des expériences passées, policiers en service commandé.

Pas tout-à- fait faux de prétendre que le syndicalisme participe de la vie politique : il est évident que quand des citoyens se dévouent pour se mêler de la vie de la polis, ils « font de la politique » au sens étymologique du terme.

Quand bien même, que deviendrait la vie de la cité sans organisations structurées ? Pour aussi authentiques et nécessaires que puissent nous sembler les coordinations, mouvements et autres rassemblements spontanés, à quelle destinée sont ils promis s’ils ne se donnent pas les moyens d’une organisation interne et à qui profite le rejet de toute « récupération », thème  particulièrement prisé par une certaine presse ? Après le temps de l’action vient immanquablement le temps de l’organisation : l’émergence de nouveaux instruments de mobilisation performants – les réseaux sociaux – leur permettra-t-elle d’apporter un démenti à ce constat ?

On connaît le rôle primordial que ceux-ci  ont joué au cours des « printemps arabes » qui se sont toutefois trouvés dans l’impasse  face aux  puissances fortement organisées que sont les armées et les islamistes.

La CGT s’évertue en tout état de cause, et sans compromission ni concession, à défendre ce qui lui semble conforme aux intérêts de la population ; est-ce « collaborer » que de vouloir combattre sans pour autant appeler à une violence minoritaire ou bien  participer au fonctionnement  d’ instances officielles au sein desquelles, faute du soutien que lui refusent précisément ses détracteurs, elle ne parvient pas à s’imposer dans le rapport de forces ?  Front populaire, Révolution des Oeillets, République espagnole…Ne l’oublions pas, les bouleversements sociaux peuvent se faire par les urnes ou sans émeutes ; l’histoire nous apprend que la lutte armée était en dernière extrémité la seule réponse pertinente à l’invasion nazie, mais aussi qu’une majorité populaire peut toutefois, sous l’aiguillon de la propagande, de l’ effet de meute et du mimétisme, adhérer aux idées les moins respectables et les plus préjudiciables à ses intérêts. Si certaines  circonstances aboutissent toutefois à des poussées insurrectionnelles, on observe là encore que leurs effets bénéfiques ne perdurent qu’au prix d’une mise en chantier calme et réfléchie.

Notre rubrique « désintox » tente de mettre un bémol à l’intrusion médiatique ; le débat d’idées comme la parole des journalistes sont on ne peut plus précieux dans une démocratie, ce qui n’empêche pas  de  s’interroger sur le déséquilibre des forces en présence.

Les syndicats ne sont pas représentatifs, ils sont le lieu d’expression  d’un microcosme  de nantis

Il faut être particulièrement obtus ou de mauvaise foi pour ne pas concevoir que   les appartenances professionnelles dans les milieux syndicaux ne soient pas à l’image de la sociologie et de l’économie de la France d’aujourd’hui, de notre département en particulier  :  les migrations touristiques et résidentielles n’exigent elles pas de plus en plus de services publics,  l’absence de grosses industries n’explique-t-elle pas l’absence de gros contingents syndicalistes   ouvriers et l’isolement dans des TPE éparpillées aux quatre coins du territoire ne défavorise t-il pas la syndicalisation  (moins de 6% de participation aux dernières élections professionnelles) ?

Les subtils auteurs de ces diatribes n’hésiteront pas à proclamer par ailleurs que le même phénomène est observable en ce qui concerne les instances politiques nationales ou locales ; certes, les confédérations syndicales et le Parlement lui- même ne reproduisent pas à l’identique l’éventail des catégories sociales. Mais si la prise de responsabilités n’est pas mise à la portée des plus démunis, à qui s’en prendre sinon au modèle de société précisément défendu par les auteurs de ces railleries qui n’ont, en revanche, pas tout à fait tort en faisant le constat suivant lequel, en vertu d’un certain esprit de classe, les travailleurs les plus conscients et  en mesure de faire concrètement valoir les droits formels inscrits sur le papier peuvent légitimement s’exprimer au nom des moins favorisés. Faut il par exemple rappeler que des « corporations » comme celle des cheminots assument de lourdes pertes de salaire pour défendre exclusivement, dans certains cas, la bonne marche du service et donc les intérêts des usagers ?

Les syndicats ruinent l’économie et ne réussissent qu’à nuire aux intérêts des vrais travailleurs et surtout à ceux des  plus précaires d’entre eux

Nos « informateurs » télévisuels se font toujours un plaisir de mentionner  les pertes liées aux grèves à la SNCF ou à Air France, mais sont moins prompts (à quelques exceptions près) à nous alerter sur la dangerosité des choix stratégiques opérés par les dirigeants,  les envolées des dividendes, l’accroissement exponentiel des grandes fortunes, les liens tissés d’une part entre haut-fonctionnariat (« pantouflage »), personnel politique, groupes de pression et haute finance ou  grand patronat d’autre part.

Les grévistes sous statut et preneurs d’otages sont-ils mieux lotis que les salariés « ordinaires » ?  C’est à voir : salaires d’embauche parfois inférieurs au SMIC, astreintes, travail du dimanche et travail de nuit, retraites parfois modestes malgré l’ « injustice » que représente la référence au salaire de fin de carrière ; et, en ce qui concerne plus particulièrement la fonction publique : absence de Comités d’entreprise, dégressivité rapide de l’indemnisation des arrêts de travail..

Ce n’est pas la rue qui gouverne

« Les syndicats ne servent qu’à semer la zizanie », chanson bien connue

Pensées en libre service et aphorismes glissent négligemment  sur les réalités : les mouvements populaires sont le socle des institutions politiques et sociales dans lesquelles nous nous  sommes installés : la république et la protection sociale ne sont pas tombées du ciel. La CGT, pas plus que les autres syndicats, n’a pas vocation à secouer violemment les bases de notre démocratie, mais ne pouvant rester insensible aux bouleversements subis par la classe des travailleurs et aux phénomènes de   sous-représentation de leurs intérêts, elle se doit de recourir à tous moyens légaux mis à sa disposition ; le droit de faire grève et de manifester pacifiquement ne sont pas les moindres.

 

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