Les arrêts de « complaisance » sont dans le viseur du gouvernement.
A l’occasion des assises des finances publiques, le ministre de l’Économie a annoncé avoir identifié « au moins 10 milliards d’euros d’économies » pour diminuer l’endettement et le déficit public jusqu’en 2027.
Pour cela, Bercy promet de lancer une réflexion avec des représentants des entreprises, des salariés ainsi que des médecins pour que chacun soit « davantage responsabilisé ».
Cette volonté politique intervient d’ailleurs quelques jours après que l’assurance maladie a lancé une campagne de redressement, soupçonnant certains professionnels de « complaisance ».
Pour limiter cette « fraude », le ministre a annoncé renforcer les contrôles ciblés des professionnels de santé, augmenter de 20 % d’ici 2027 les effectifs des caisses de sécurité sociale dédiés à la lutte contre la fraude, et former 450 cyber-enquêteurs dotés de prérogatives de police judiciaire.
Ainsi, « l’objectif de 500 millions d’euros de préjudice financier détecté et évité devrait être atteint dès 2024 », a-t-il déclaré fin mai dans le cadre du plan de lutte contre la fraude sociale.
Où en est-on réellement ? Selon le baromètre du cabinet Mercer, 48 % des salariés ont été absents au moins une fois plus de trois jours en 2022, contre 36 % en 2021 et 39 % en 2020. De son côté, le baromètre de l’absentéisme de Malakoff Humanis indique qu’ « avec 42 % des salariés arrêtés au moins une fois dans l’année, l’absentéisme maladie atteint son plus haut niveau depuis 2016 ».
*Les jeunes sont particulièrement touchés
*La corrélation avec les troubles psychologiques est en forte augmentation
Si toutes les tranches d’âge ont été touchées par une hausse de l’absentéisme l’an dernier, cette tendance a été bien plus forte chez les jeunes salariés et les cadres, dont le taux est habituellement très bas.
« Imaginer que l’augmentation des arrêts correspond à une augmentation des arrêts de « complaisance », c’est être à côté de la plaque. On observe que la situation des salariés est mauvaise. Les Français ne vont pas bien au travail, il y a un vrai mal-être qui peut expliquer les arrêts. »
( Nathalie Coutinet, économiste à l’université de Sorbonne Paris Nord)
« Dire que les médecins sont des gens malhonnêtes qui prescrivent des certificats d’arrêts à tous ceux qui leur demandent, c’est révoltant. Il y a peut-être 1 ou 2 % de dérive, comme dans tous les secteurs, mais c’est vraiment ridicule et cela n’a pas augmenté ces dernières années. Là, il s’agit d’une attaque contre la profession », scande Isabelle Legras, secrétaire générale du syndicat national des professionnels de santé au travail (SNPST).