LES EXIGENCES DU MARCHÉ : POINTS DE REPÈRE DROITS SOCIAUX ET FISCALITÉ

Depuis le début de cette crise, ceux qui osent avancer qu’Emmanuel Macron s’enferre pour répondre aux exigences des marchés et de la Commission européenne, qui réclament le retour rapide à l’équilibre budgétaire, se font traiter de  complotistes.

Derrière la note AA− décernée par l’agence Fitch à la France, la crainte d’être lâché par les marchés

L’exécutif estime qu’un « scénario à la grecque » est possible, après que l’agence de notation Fitch ait abaissé la note de la France d’un cran, de AA à AA−. En jeu, les 3 000 milliards de dettes que nous avons à financer.

PROTECTION SOCIALE DANS LE COLLIMATEUR

Face à cela, le gouvernement a tenté de rassurer les marchés. Bruno Le Maire a affirmé sa volonté de « faire passer des réformes structurantes ». Cependant, Fitch souligne que le gouvernement n’a pas réussi à faire accepter ces réformes et que le contexte actuel nuit à notre crédibilité pour mener de futures réformes.

 La réduction de nos dépenses de protection sociale (en 2020: France: 35,2% PIB EU(27) : 30,1% PIB.) n’a pas été suffisantes:

  1. Dépenses de protection sociale dans l’Union européenne en % du PIB en 2020 : France : 35,2% PIB EU(27) : 30,1% PIB. 

  2. Il s’agit donc de réduire nos dépenses :

  3. maladie/soins de santé/ invalidité : France: 12,0% PIB EU(27) : 10,3% PIB. Budget +4,1 % au total /inflation 6 % !…

  4. vieillesse et survie: France : 15,5% PIB (-17millards espérés ) EU(27) : 12,8% PIB.

  5. Famille et enfance : France : 2,6% PIB EU(27) : 8,7% PIB .

  6. chômage : France: 2,1% PIB (-7 milliards €), EU(27) : 1,2% PIB

  7. logement et exclusion sociale : France: 1,9% PIB EU(27) : 1,1% PIB.

  8. La CAF : Les conditions d’accès aux allocations familiales vont durcir en juillet 2023

II faudra résider en France 9 mois sur 12 pour prétendre à des prestations sociales .

Lexécutif aurait pu atteindre l’objectif qu’il s’est fixé auprès de la Commission européenne de rétablir le déficit public à 3 % du PIB en 2027, contre 5 % actuellement, tout en poursuivant sa politique de baisses d’impôts principalement à destination des ménages les plus aisés et des entreprises.

  • Le RSA, ou l’impossible débat autour de la solidarité ? Le gouvernement souhaite conditionner le revenu de solidarité active à une reprise d’activité ou une formation. Or évoquer le RSA revient à confronter une partie de la droite qui fait son beurre sur le cliché de l’assistanat et une partie de la gauche qui crie à la stigmatisation des précaires, en omettant les limites et effets de seuil de cette aide. Dans ce débat, le gouvernement se situe dans un  » en même temps  » qui penche quand même plutôt à droite.

L’idée de la Macronie est d’obliger les bénéficiaires du RSA à effectuer 15 heures à 20 heures d’activité par semaine. Dans la bouche de la Première ministre, il ne s’agit pas « de travailler sans être payé« , mais d’une formation, d’un permis de conduire, de la découverte d’un métier. Accompagner les bénéficiaires du RSA pour qu’ils retrouvent du travail ! En voilà une bonne idée : comme si personne n’y avait pensé…

Aujourd’hui pour toucher le minimum vieillesse ou les allocations familiales (CAF), il faut passer six mois en France. Pour toucher les APL (aides personnalisées au logement, il faut passer huit mois .Pour toucher le RSA (revenu de solidarité active), il faut passer neuf mois .

Suffisant ?

Après le chômage (7 milliards €), et les retraites(17millards espérés aujourd’hui 10 à 12 Mds !..), la santé …

«  En 2023, l’objectif national des dépenses d’assurance-maladie (ONDAM) est fixé à 244 milliards d’euros (+3,5% hors dépenses Covid). Aucune économie n’est envisagée sur les hôpitaux. »

+ 4,1 % au total -inflation 6% ça ne passera pas !…

RETRAITES : Sauver le régime par répartition ?

  • ou réduction de dépenses 17millards espérés aujourd’hui 10 à 12 Mds !..)

  • ou / et gages d’austérité aux marchés financiers.

Des mois de discussion, des semaines de mouvement social, un psychodrame national, et, quelques heures avant de recourir au 49.3 fatidique, Emmanuel Macron lance devant ses ministres que, « en l’état, les risques financiers, économiques sont trop grands ». Nous avons désormais 3 000 milliards de dette (dont 600 milliards de « quoi qu’il en coûte »), et, si les taux d’intérêt remontent, les intérêts de cette dette vont nous plomber. Il faudrait donc donner des gages aux marchés financiers et à l’Allemagne, pour obtenir quelques concessions sur des dossiers essentiels. (Un fiasco,voir le marché européen de l’électricité).

PAS DE VASES FISCAUX COMMUNICANTS

Encore et toujours, CHOIX DE SOCIÉTÉ : le cap est fermement maintenu

La baisse triomphalement annoncée d’ impôts en faveur des classes moyennes ne passera pas par un rééquilibrage des barèmes fiscaux mais par de nouveaux élagages budgétaires.

Après les riches, les classes moyennes. Alors qu’il reçoit cette semaine tous les plus grands patrons du capitalisme mondial, qu’il a arrosés de cadeaux fiscaux depuis 2017, le président de la République a annoncé dans une interview publiée le lundi 15 mai au journal L’Opinion qu’il comptait poursuivre sa politique de baisses d’impôts. Mais cette fois-ci « des classes moyennes, pour les revenus entre 1 500 et 2 500 euros ». 

Cette annonce démagogique repose sur le préjugé largement répandu selon lequel les classes moyennes sont surtaxées et ne profitent presque pas des avantages sociaux ; position démentie par les données de l’INSEE puisque les classes défavorisées  contribuent (TVA et CSG obligent) à la même hauteur (envion 39%), tandis que 60% des ménages de cette même classe moyenne reçoivent plus d’avantages sociaux qu’ils n’y contribuent.

En contrepartie, pour équilibrer le budget, des coupes dans les services publics sont à prévoir. Il a précisé que ces baisses d’impôts seraient d’un coût de « 2 milliards d’euros » pour les finances publiques et qu’elles interviendraient en deuxième partie de mandat, « quand la trajectoire budgétaire le permettra »… 

Autre problème, dans son « programme de stabilité » 2023-2027 envoyé récemment à Bruxelles, le gouvernement a inscrit des réductions significatives de la dette publique de 111,6 % du produit intérieur brut (PIB) fin 2022 à 108,3 % en 2027, ainsi que du déficit de 4,7 % du PIB en 2022 à 2,7 % en 2027.

Matignon a d’ores et déjà demandé à chaque ministère de réfléchir rapidement à des pistes d’économies. Objectif : qu’ils proposent des solutions pour réduire de 5 % en moyenne leur train de vie…

 

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