Des pays comme la Grèce, le Portugal ou la Lituanie sont mieux placés que la France en matière de densité médicale. En Espagne, Grande-Bretagne, Allemagne et ailleurs existent des limitations à la liberté d’installation.
La pénurie d’offre de soins prend évidemment deux aspects : insuffisance globale d’ infrastructures, de potentiel de formation et d’intervenants d’une part, diffusion déséquilibrée des moyens dans les territoires et les couches sociales d’autre part.
L’ouverture aux professionnels diplômés formés à l’étranger laissait entrevoir la perspective d’une offre de service excédentaire , mais, pour autant que l’on continue de privilégier la totale liberté d’installation, une seule solution pour résorber les déséquilibres : la mise en place d’un système d’incitations qui se résume à l’amélioration des conditions de travail dans des structures partenariales (maisons de santé, centres de santé, cabinets individuels livrés clés en main par les collectivités) ; c’est par exemple la position défendue par ce syndicat de médecins libéraux Cet article fait un lien intéressant avec la question incidente des inégalités sociales.
Cette organisation met aussi l’accent sur l’impact que pourrait représenter la contribution des professionnels à l’étalement de l’offre de soins mais on peut se demander si l’aménagement des pénuries n’a pas ses limites.
« il ne s’agit pas d’inventer des médecins qui n’existent pas, de les importer dans ces déserts, mais de faire en sorte que les médecins déjà présents sur ces territoires développent une organisation leur permettant de travailler dans de bonnes conditions. Cela aura plusieurs effets : des jeunes médecins voudront s’installer si l’organisation est performante, et chaque patient aura accès au bon professionnel, au bon endroit, au bon moment. »
Les tenants de la liberté d’installation et du libéralisme en général estiment que l’encadrement par la contrainte ne résoud pas les problèmes de pénurie ; ils sont hostiles (tout comme la CGT) à la mainmise de l’État sur l’organisation de la santé (ce qui ne les empêche pas de réclamer benoîtement le financement par l’impôt et l’immixtion des instances étatiques ! ) Double peine en ce qui nous concerne, puisque l’État manifeste une furieuse tendance à contrôler le financement du système de santé tout en se déchargeant sur les régions d’une partie des responsabilités qu’il prétend assumer.
On n’a rien trouvé de mieux que de vouloir faire financer par notre Région des « maisons médicales » libérales facilitant le regroupement et l’installation ou de proposer la salarisation de professionnels dans des centres de santé territoriaux. En ce domaine comme en bien d’autres, la région devient le déversoir de la déconstruction du service public
Des élus ne manquent évidemment pas de s’engouffrer dans ce piège ; la proposition de loi Roland Courteau (Groupe « socialiste et républicain » au Sénat) déposée en 2016 ressurgit en 2019 : il semblerait que le dossier soit en dormance au stade des examens en commission.
Même sort réservé à une proposition de loi (groupe « les Républicains à l’Assemblée) plutôt engageante « visant à augmenter le numerus clausus en médecine et à faciliter l’installation des médecins sur les territoires ruraux »
DÉCEMBRE 2021 Une loi rejetée par l’Assemblée après de longs débats
Désaccords: Cette proposition de loi communiste s’appuyait sur un système d’affectation des étudiants médecins dans des zones sous-médicalisées (2/12/2021)
Si tout le monde s’accorde à dire que les déserts médicaux sont un réel problème en France (11 millions de Français de métropole ou d’outremer confrontés à « une offre de soins déficiente »), les solutions proposées pour ne plus en avoir sont loin de faire l’unanimité. Le jeudi 2 l’Assemblée étudiait une proposition de loi visant à les supprimer. Après de longs débats, elle a finalement été rejetée, faute d’accord. Le texte a été retoqué article par article via des amendements de suppression du groupe LREM, tous largement votés…Divergences sur les moyens de faire face au problème : Une des principales mesures de ce texte visait à « généraliser » les contrats d’engagement de service public (CESP) pour les étudiants médecins, afin de les affecter, une fois opérationnels, dans des zones sous-médicalisées pendant quelques années. La proposition plaidait aussi pour un « maillage du système de soins hospitaliers garantissant l’accès à un établissement de santé à moins de 30 minutes du domicile en transports motorisés », en particulier pour les services de chirurgie et de maternité.
Tous les orateurs ont reconnu l’importance du problème, les divergences se concentrant sur les moyens d’y faire face. Stéphanie Rist (LREM) a fustigé les mesures proposées, « démagogiques et inefficaces », reposant pour certaines sur la « coercition ». Isabelle Valentin (LR) a estimé que « la méthode ne semble pas bonne »…