Hôpitaux publics : les raisons d’une crise sans précédent

Un peu partout, de nombreux hôpitaux doivent fermer des services par manque de soignants. Sophie Marchandet, responsable du pôle RH de la Fédération hospitalière de France (FHF), nous éclaire sur l’état critique de l’hôpital public.« La mise en place de la tarification à l’activité, qui a essayé de rationaliser au maximum l’hôpital depuis une vingtaine d’années, s’est faite par la masse salariale, qui représente entre 70 et 80 % des dépenses d’un établissement hospitalier. Mais c‘était sans compter sur l’augmentation de la population, son vieillissement et le recours aux soins en milieu hospitalier de plus en plus important.

Les internes des hôpitaux sont appelés à faire grève pour défendre leurs conditions de travail, qu’ils jugent dégradées. Ils dénoncent des journées à rallonge et des salaires trop bas. Plus que jamais, l’hôpital français est au bord de la rupture. Surmenés et sous-payés, les internes en médecine étaient appelés à faire grève vendredi 28 avril pour leurs salaires et leurs conditions de travail. « Les jeunes médecins sont en détresse psychologique » et leur temps de travail « dépasse allègrement le maximum légal » de 48 heures par semaine, alerte l’Intersyndicale nationale des internes (Isni) dans un communiqué jeudi.  

Grève dans les hôpitaux : « Un système de santé sans les internes ne fonctionne pas », prévient le vice-président de l’ISNI



Plafonnement de l’intérim médical : des craintes de fermetures temporaires de services

La loi santé Rist qui prévoit le contrôle des rémunérations des médecins intérimaires à l’hôpital sera appliquée. Une mesure mise en place pour « lutter contre l’intérim cannibale. » Les hôpitaux se préparent à faire face à un manque de médecins qui refuseraient de travailler dans ces conditions.

Depuis la crise Covid, le recours aux soignants intérimaires ne cesse d’augmenter. En 2021, le coût de l’intérim médical pour les hôpitaux français s’est élevé à 359 millions d’euros (24h de garde 1170€), selon le ministère de la Santé. L’hôpital public manque de bras, les professionnels de santé intérimaires font monter les enchères. Les prévisions d’une étude menée par le Syndicat national des médecins remplaçants hospitaliers. 69 hôpitaux sont menacés par des mesures de fermeture partielle. Ce qui devrait concerner 107 services hospitaliers.

« Il faut donner les moyens à l’hôpital public de fonctionner sans recours à l’interim »

Alors que la loi Rist sur le plafonnement de la rémunération de l’intérim médical, est entrée en application début avril, un député porte une proposition de loi pour protéger l’hôpital public.

On sait qu’aujourd’hui il y a des services et des hôpitaux qui ne fonctionnent quasiment pas du fait de l’intérim médical. Mais c’est un symptôme, ce n’est pas la cause profonde dont souffre l’hôpital. La cause c’est le manque de personnel titulaire, le sous-investissement, et la manière dont on a dégoûté les soignants d’exercer. La loi Rist plafonne seulement dans le public la rémunération des intérimaires. Nous avons déjà des signaux qui nous disent que certains services vont être temporairement fermés. Nous ne voulons pas que la loi Rist serve de prétexte à la fermeture d’hôpitaux de proximité.

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