Après plus de vingt jours de grève dans les raffineries, la situation se tend. Les médias s’offusquent davantage des blocages… jamais des profits. Au lieu de déployer son énergie pour inciter les dirigeants de Total à négocier convenablement avec les salariés, le gouvernement et ses alliés jettent de l’huile sur le feu.
La mobilisation est pourtant légitime. Total Energies a engrangé 19 milliards de bénéfices en six mois et ExxonMobil 19 milliards en trois mois. Les hausses de salaires exigées représentent 150 millions d’euros (environ 0.8% de ces sommes) !
La grève des salariés de Total Énergie n’est pas un caprice de nantis
La crise s’intensifie autour de la question des salaires. Depuis quelques jours, de fausses informations discréditent la grève des salariés de Total Énergies, faisant croire qu’il s’agit d’un mouvement de quelques privilégiés grassement rémunérés.
Rétablissons la chronologie et l’exactitude des faits.
Les premières grèves ont débuté le 29 septembre, lorsque Total Énergies annonce des bénéfices record : 5,7 milliards de dollars pour le second trimestre, soit 2 fois plus que l’an dernier (2,2 milliards) à la même époque, après 9 milliards de dollars au premier trimestre 2022 !
Dans le même temps, le groupe pétrolier prévoit le versement d’un acompte sur dividende exceptionnel de 2,62 milliards d’euros à ses actionnaires.
En 2021, année où le groupe a engrangé 18,1 milliards de dollars, le PDG Patrick Pouyanné s’est augmenté de 52 %, passant de 3,9 à 5,9 millions d’euros.
Prenons l’argent là où il se trouve
Dès la fin septembre, les travailleurs exigent une réouverture anticipée des négociations obligatoires annuelles (NAO).
Une situation tendue, qui arrive après le refus du gouvernement de créer une taxe des profits et des dividendes versés aux actionnaires.
« Les salariés réclament une plus juste répartition des revenus issus du travail, de leur travail ! » insiste Nathalie Verdeil, secrétaire confédérale CGT.
Salaires trop bas, inflation galopante
L’accord salarial du 3 octobre 2022 dans la branche Pétrole (que la CGT n’a pas signé) montre que les premiers coefficients (130 à 200) sont inférieurs au Smic.
- Un opérateur de raffinerie (coefficient entre 170 et 215) commence au Smic ;
- les chefs opérateurs (coefficient entre 310 et 340) ont un salaire de 2995,92 euros brut mensuel.
On est loin du chiffre de 5000 euros brut en moyenne annoncé par la direction de Total Energies, qui parle de moyenne dans un secteur où les écarts de rémunération entre les salariés et les cadres sont très importants.
Et l’inflation, prévue autour de 6 % pour 2022, vient accroître les difficultés des travailleurs.
Le gouvernement attise le feu
Le gouvernement, lui, préfère marquer une position d’autorité sur les grévistes, notamment en ordonnant la réquisition de certains salariés, plutôt que de faire pression sur le groupe pour commencer des négociations. La CGT a déposé un référé sur les réquisitions.
Le gouvernement a pourtant deux leviers qu’il n’utilise pas pour régler la question des salaires :
- légiférer pour relever automatiquement les minima en fonction de l’augmentation du Smic
- mettre en place l’échelle mobile des salaires, qui permettrait à tous les salaires d’augmenter en même temps que le Smic, deux revendications portées par la CGT.
Pour toutes ces raisons, mercredi soir, la grève était reconduite chez TotalEnergies et chez Esso-ExxonMobil.
Un peu partout en France, les travailleurs se révoltent et réclament des négociations salariales dignes, au moins à la hauteur de l’inflation.
La CGT appelle les salariés à répondre par la grève interprofessionnelle mardi 18 octobre.